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Le sexe durant le sabbat

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Français / Archives / 2015 / 4e Semestre 2015

 

 

Le sexe durant le sabbat

Michael W. Campbell

Michael W. Campbell, PhD, est professeurassistant de théologie historique à l’Institut adventiste International d’études supérieures, Silang, Cavita, Philippines.

 

 

Au cours d’une discussion en salle de classe au sujet de la saintete du Sabbat, un partici­pant a souleve une question: « Je lutte avec un peche, a-t-il confesse. Je suis tente d’avoir des relations sexuelles avec ma femme le sabbat.»

Le sujet n’est pas rare et soulève diverses opinions1, bien qu’il ait fait l’objet de peu de publications2.

Que dit la Bible à ce propos? Nous considererons la question en passant en revue (1) l’argument majeur contre le sexe le sabbat; (2) le point de vue biblique concernant la sexualite ; (3) la perversion du point de vue biblique ; et (4) nous conclurons avec des ob­servations.

L’argument majeur

L’argument principal contre le sexe durant le sabbat se fonde sur Ésaïe 58.13: « Si tu retiens ton pied pendant le sabbat, pour ne pas faire ta volonte en mon saint jour» (Louis Segond). Puisque le sexe procure le plaisir, l’injonction scripturaire interdisant les relations sexuelles le sabbat est evidente 3.

Le contexte d’Ésaïe 58 se refère au Sabbat du Jour des Expiations. Le Jour des Expiations etait un jour consacre à l’introspection, au jugement et à la pu­rification. Chacun etait oblige d’y participer au risque d’être « retranche» (Lv 23.29). On ne connait pas d’evidence textuelle pour indiquer que le sexe ait ete interdit le jour du sabbat ou le jour des Expiations. Rene Gehring soutient que dans la Bible hebraïque, la relation sexuelle dans le mariage ne cause absolument pas d’impurete rituelle4. Il considère comme une erreur l’usage de passages comme Exode 19 pour suggerer que le sexe dans les liens du mariage etait defendu. Même si le sexe dans le mariage causerait une impurete rituelle, avance Roy Gane, cela ne s’appliquerait qu’au moment où la gloire de la Shekina etait dans le temple 5. Ainsi donc, le plaisir sexuel est positif dans un contexte veterotestamentaire.

Cela nous ramène à une etude du mot plaisir qui se trouve dans Ésaïe 58.13. C’est le même mot hebreu trouve au verset 3 qui met en garde contre l’exploitation. Le mot est aussi traduit comme « plaisir des affaires» (ou les interêts des affaires personnelles de quelqu’un). Ésaïe 58.13 se refère au sabbat comme un « plaisir». Le mot plaisir en hebreu c’est oneg qui signifie plaisir exquis. Ce mot utilise ailleurs est un nom qui ne s’applique qu’aux rois et aux reines dans leurs palais royaux (Es 13.22).

Ainsi donc, Ésaïe 58.13 dit que Dieu desire que nous mettions de côte nos projets personnels pour les remplacer par quelque chose de beaucoup plus exquis. Dieu nous appelle à vivre une vie, sans plaisir egoïste, centree sur notre relation avec lui 6. La notion que le sabbat interdirait les plaisirs joyeux au cours de ses heures sacrees repose sur une mauvaise lecture du texte original. Comme l’observe Nancy van Pelt, «Si ce texte voulait vraiment dire que le sexe est interdit parce qu’il procure du plaisir, alors, n’importe quel autre plaisir comme chanter des cantiques, lire la Bible ou bien manger devrait aussi être interdit. Esaïe parlait de chercher mon propre plaisir egoïste. Si le sexe n’est rien de plus que mon plaisir, il est egoïste et par consequent mauvais non seulement le jour du sabbat mais aussi n’importe quel autre jour de la se-maine.»7

Un autre argument utilise contre les relations sexuelles le jour du sabbat c’est qu’il s’agit d’une distraction. Ainsi, certains pasteurs adventistes se vantent de dormir separes de leur epouse le vendredi soir. Quand on a demande à un enseignant adventiste si le sexe le sabbat est une distraction, il a repondu par une autre question : est-ce vraiment moins distrayant quand votre epouse ne fait pas l’amour avec vous? Ceux qui etaient presents ont acquiesce d’un mouvement de la tête. Naturellement, c’est moins distrayant de faire l’amour que de rester à y penser. Comme l’ob-serve Richard Davidson: « Si ceux qui ont la relation sexuelle comprennent combien elle nous instruit sur les plus profonds niveaux de l’intimite, alors pareille intimite au niveau horizontal nous aide en realite à penetrer la nature de l’intimite que Dieu desire entretenir avec ses creatures. Loin de detourner de l’intimite avec Dieu, la relation sexuelle pratiquee comme Dieu l’entend nous conduit à une plus profonde compre­hension de l’intimite avec Lui.»8

Point de vue biblique sur la sexualité

Les Juifs fidèles revenus de l’exil ont etabli des principes rigoureux pour la sanctification du sabbat. Les lois rabbiniques permettaient aux gens maries de faire l’amour le jour du sabbat9, et l’ont mtime decrit comme une « bene­diction speciale du sabbat». Le sabbat etait compare à une mariee et le ven-dredi à la consommation du mariage. La femme separee de son mari beneficiait mtime du privilège d’avoir des re­lations sexuelles avec son mari le ven-dredi soir10. Un refus de la part du mari constituait une charge suffisante permettant à l’epouse de traduire son mari devant le tribunal rabbinique pour abandon.11

Dieu a cree Adam et Ève et a fait du mariage une relation sainte. Durant cette mtime semaine de la Creation, il fit du sabbat un jour saint. Ces deux saintes institutions appartiennent à un mtime ensemble. Sabbat et relation sexuelle se sont fondus l’un dans l’autre dès le tout premier sabbat de l’his-toire12. Le plan de Dieu pour les rela­tions sexuelles, tel que Salomon l’a ex-prime plus tard, est decrit comme cette «flamme de l’Éternel» qui aide les titres humains à mieux comprendre Dieu 13. Selon le plan original de Dieu, le sexe etait prevu comme l’ultime moyen pour un homme et une femme d’experimenter le plus profond niveau d’intimite dans la sainte union matrimoniale 14. Le specialiste adventiste d’ethique, Duane Covrig, soutient que le sabbat et le mariage sont les seules institutions qui accomplissent dans leur totalite les six fondements de la morale innee de-finis par Jonathan Haidt, à savoir : l’attention, l’equite, la liberte, la loyaute, l’autorite et la saintete. Ce rapproche­ment indique que le sabbat est un « ou-til destine à aider au renforcement de ces six domaines dans la vie humaine ».15

Un si merveilleux don a ete distordu et perverti. Le souci de Dieu concernant les perversions sexuelles, specialement quand elles etaient associees aux rites et rituels pa'iens, etait l’une des raisons pour lesquelles il a impose des exi­gences aussi rigoureuses concernant l’impurete en rapport avec l’adoration. La sexualite est une affaire sainte ; mais elle a ete pervertie par des rites et ri-tuels pa'iens. La perversion sexuelle a ete le peche qui a provoque la destruc­tion de la race humaine aux jours de Noe et un peu plus tard celle de Sodome et Gomorrhe. La perversion sexuelle est un signe des derniers jours de l’histoire de la terre (voir Mt 24.38). Satan veut clairement deformer et pervertir ce si merveilleux cadeau que Dieu a fait à l’humanite.

Perversion de l’enseignement biblique

Une autre perversion est venue de la pensee helleniste qui denigre le corps humain. Des penseurs chretiens en sont venus à considerer l’âme comme enchaînee à l’interieur du corps. Ce concept de la separation du corps et de l’âme, un aspect distinctif du plato-nisme, est devenu populaire dans l’Église chretienne primitive. Il a detruit le sens du sabbat du septième jour et introduit des enseignements anthropologiques nouveaux non bibliques comme la separation du corps et de l’âme.16 Sous l’influence d’une serie de penseurs, l’Église chretienne primitive a adopte de tels points de vue sans trop de resistance.

Les premiers pères de l’Église ont longuement discute du sexe. Tertullien a embrasse un ascetisme rigide qui incluait le jeûne et le celibat. On raconte qu’Origène «s’est fait castrer en vue d’eviter toute tentation de la chair et d’titre en mesure d’engager des conversations spirituelles avec les femmes sans titre erotiquement excite.» 17 Dans son autobiographie, Augustin a decrit son inconduite sexuelle pour accentuer le caractère dramatique de sa conver­sion. En tant que l’un des plus influents penseurs du Christianisme primitif, Augustin a laisse sur l’Église d’Occident « une empreinte permanente et negative concernant la sexualite humaine.» 18 Il croyait que puisque toutes les cultures humaines cachent les parties intimes du corps, « les humains ont profonde-ment honte de leur sexualite.» La sepa­ration du corps et de l’âme en etait evidente puisque le corps supplantait la capacite rationnelle de l’esprit à le subjuguer. Il avance donc que le sexe rappelle constamment aux gens leur re­bellion envers Dieu. Le corps humain symbolise le fait que la sexualite et la foi chretienne sont incompatibles.19

L’empreinte durable du platonisme et d’Augustin, en particulier, se voit dans leur conception chretienne de la sexualite. Toute envie sexuelle doit titre reprimee. Cette vision chretienne de la sexualite etait en relation directe avec l’ecclesiologie puisque les moines se retiraient dans les monastères et les grottes. Ceux qui se privaient des plaisirs sexuels et restaient celibataires etaient perçus comme plus spirituels et plus meritants pour les charges ecclesiastiques. Tout cela a contribue à une theologie qui s’est ecartee du point de vue biblique de la sexualite, comme du sabbat du septième jour. Pareille beaute avait ete perdue au cours des siècles de tenèbres.

Observations finales

La question du sexe le jour du Sabbat est une decision profondement person-nelle. Elle devrait titre discutee dans la prière entre mari et femme. Certains couples maries peuvent faire le choix par « consentement mutuel» (1 Co 7.5) de s’en abstenir durant les heures du sabbat du septième jour en vue de maintenir leur concentration spirituelle. C’est admirable. Mais, pour d’autres, l’abstention peut distraire l’attention accordee à la spiritualite.

Pour les couples maries qui ont des rapports sexuels le sabbat, leur point de vue plonge ses racines dans la creation à l’origine. Une vision de la sexualite qui embrasse la personne entière et lie le sexe à la creation comme un cadeau merveilleux de Dieu à l’humanite. Satan a perverti un tel don. Que la distorsion vienne de l’idee que le sexe en soi est un plaisir centre sur soi et par conse­quent doit titre supprime ou de l’opinion, vehiculee par les moyens de com­munication de masse, que le sexe n’a rien à voir avec la moralite mais depend de notre desir et de notre volonte, Satan est à l’origine de chaque tentative cherchant à derober ce precieux don emanant du plan originel de Dieu. 

Revenons à notre question sur le sexe durant le sabbat. Le principe que l’apôtre Paul a enonce dans un autre contexte peut s’appliquer dans ce contexte-ci : « Que celui qui mange ne meprise point celui qui ne mange pas, et que celui qui ne mange pas ne juge point celui qui mange, car Dieu l'a ac-cueilli.» (Romains 14.3, Version Louis Segond 1910).               

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1. Sur un reseau social, une discussion entre pasteurs se demandant si le sexe est permis ou non le sabbat a suscite plus de cent commentaires en moins de 24 heures, dont la majorite etaient favorables.

2. Gina Spivey Brown and Loretta Parker Spivey, “Sex on Sabbath?” in Adventist Review, September 1996, p 19; Martin Weber, Adventist Hot Potatoes. Boise, ID: Pacific Press, 1991, p.86, 87.

3. Nancy L. Van Pelt with Madlyn Lewis Hamblin, Dear Nancy . . . : A Trusted Advisor Gives Straight Answers to Questions About Marriage, Sex, and Parenting. Nampa, ID: Pacific Press, 2005, p.56.

4. Rene Gehring, “Is Sexuality Impure? An Al-ternate Interpretation of Leviticus 15:18,” in Journal of the Adventist Theological Society 24, no. 2 (2013), p. 75–115.

5. Roy Gane, Leviticus, Numbers: The NIV Ap-plication Commentary. Grand Rapids, MI: Zondervan, 2004, p.305–314.

6. Rabbi Yitzchak Ginsburgh, A Sense of the Supernatural: Interpretation of Dreams and Paranormal Experiences. Gal Einai Institute, 2008, p. 70, 71, n15.

7. Ibid.

8. Email de Richard M. Davidson à l’auteur, 27 decembre 2014.

9. Marva J. Dawn, Keeping the Sabbath Wholy: Ceasing, Resting, Embracing, Feasting. Grand Rapids, MI: W. B. Eerdmans, 1989, p. 192.

10. Kethuboth 5:9, 65b

11. Je suis redevable à Alex Golovenko pour ces idees.

12. Richard M. Davidson, Flame of Yahweh: Sexuality in the Old Testament. Peabody, MA: Hendrickson, 2007, p. 52.

13. Ibid.

14. Je suis redevable à Jiví Moskala pour ces idees.

15. Duane Covrig, conference donnee à AIIAS le 22 octobre 2014; voir aussi son texte “The Sabbath as Moral Healing and Training,” Adventist Ethics, 31 octobre 2013, http://www.adventistethics.com/the-sabbath -as-moral-healing-and-training/. En outre, Covrig souligne qu’il ne partage pas les presupposes evolutionnistes de Jonathan Haidt, mais que son identification de ces six valeurs morales aide à clarifier la signification du sabbat du septième jour.

16. Sigve K. Tonstad, The Lost Meaning of the Seventh Day. Berrien Springs, MI: Andrews University Press, 2009, p.300–21.

17. Hans J. Hillerbrand, A New History of Christianity. Nashville, TN: Abingdon Press, 2012, p.41.

18 Idem, p.50.

19 Idem, p.51.

 

 

1. Sur un reseau social, une discussion entre pasteurs se demandant si le sexe est permis ou non le sabbat a suscite plus de cent commentaires en moins de 24 heures, dont la majorite etaient favorables.

2. Gina Spivey Brown and Loretta Parker Spivey, “Sex on Sabbath?” in Adventist Review, September 1996, p 19; Martin Weber, Adventist Hot Potatoes. Boise, ID: Pacific Press, 1991, p.86, 87.

3. Nancy L. Van Pelt with Madlyn Lewis Hamblin, Dear Nancy . . . : A Trusted Advisor Gives Straight Answers to Questions About Marriage, Sex, and Parenting. Nampa, ID: Pacific Press, 2005, p.56.

4. Rene Gehring, “Is Sexuality Impure? An Al-ternate Interpretation of Leviticus 15:18,” in Journal of the Adventist Theological Society 24, no. 2 (2013), p. 75–115.

5. Roy Gane, Leviticus, Numbers: The NIV Ap-plication Commentary. Grand Rapids, MI: Zondervan, 2004, p.305–314.

6. Rabbi Yitzchak Ginsburgh, A Sense of the Supernatural: Interpretation of Dreams and Paranormal Experiences. Gal Einai Institute, 2008, p. 70, 71, n15.

7. Ibid.

8. Email de Richard M. Davidson à l’auteur, 27 decembre 2014.

9. Marva J. Dawn, Keeping the Sabbath Wholy: Ceasing, Resting, Embracing, Feasting. Grand Rapids, MI: W. B. Eerdmans, 1989, p. 192.

10. Kethuboth 5:9, 65b

11. Je suis redevable à Alex Golovenko pour ces idees.

12. Richard M. Davidson, Flame of Yahweh: Sexuality in the Old Testament. Peabody, MA: Hendrickson, 2007, p. 52.

13. Ibid.

14. Je suis redevable à Jiví Moskala pour ces idees.

15. Duane Covrig, conference donnee à AIIAS le 22 octobre 2014; voir aussi son texte “The Sabbath as Moral Healing and Training,” Adventist Ethics, 31 octobre 2013, http://www.adventistethics.com/the-sabbath -as-moral-healing-and-training/. En outre, Covrig souligne qu’il ne partage pas les presupposes evolutionnistes de Jonathan Haidt, mais que son identification de ces six valeurs morales aide à clarifier la signification du sabbat du septième jour.

16. Sigve K. Tonstad, The Lost Meaning of the Seventh Day. Berrien Springs, MI: Andrews University Press, 2009, p.300–21.

17. Hans J. Hillerbrand, A New History of Christianity. Nashville, TN: Abingdon Press, 2012, p.41.

18 Idem, p.50.

19 Idem, p.51.

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